samedi 21 janvier 2012

John Burnside Scintillaiton Métaillé

Avec Burnside, c'étaient pour moi des retrouvailles attendues, je me souvenais avoir lu La maison muette il y a quelques années et avoir été ébloui et horrifié par ce roman hors norme, récit d'une expérience monstrueuse.
Quelques années plus tard, Scintillation produit le même effet, l'auteur ayant gagné en maîtrise, notamment dans la construction de ce roman qui semble se dérober à mesure qu'il progresse...et pourtant cette impression que le sol se dérobe est le carburant même du récit.
Dans la maison muette, deux jumeaux étaient enfermés dans une cave dès leur naissance, dans scintillation, ce sont de jeunes adolescents qui disparaissent à proximité d'une ancienne chimie à l'abandon, du côté de l'Intravaille, sorte de no man's land réservé aux plus misérables. Très vite, il apparaît que ces disparitions ne sont pas des fugues et que les adolescents sont l'objet d'un étrange rituel (la découverte d'un d'entre eux par le policier raté est une scène marquante).
Roman d'anticipation, l'intraville évoquant un futur d'après catastrophe industrielle ? Thriller, puisque le roman donne très vite la parole au policier déjà évoqué, un homme qui n'en sait pas trop, mais plus qu'il ne peut le dire. Ni l'un, ni l'autre. Car bientôt, le roman suit Léonard, un des jeunes hommes de l'Intraville. Léonard est singulier et partagé entre deux jeunes filles, à l'écart des différentes bandes qui règnent sur l'intraville. Solitaire, il a pour habitude d'erreur du côté de l'Intraville où il rencontre l'Homme papillon. En suivant Léonard, le roman emprunte une nouvelle voix (joli lapsus que j'ai fait là, je le laisse, c'est de nouvelle voie que je voulais parler) à tel point qu'un temps on se demande si le récit n'a pas changé, mais non, la tragédie est là au bout. D'ailleurs est ce vraiment une tragédie ? Car Léonard l'écrit : « Parce que je savais que, si j'avais ma place où que ce soit, c'était là. Pas au sein de leur bande, mais parmi les éclairs et le tonnerre. La pluie noire. Le métal froid. Le ciel. » Burnside est un poète écossais primé dans son pays, cela ne vous surprendra sans doute pas.
Difficile d'en dire davantage, sans craindre d'en écrire trop. Contentons nous d'évoquer un livre qui, au fil des pages, donne l'impression que le sol se dérobe, qui fissure le bien et le mal, qui raconte le pire, sans jamais sombrer dans le gore. Le personnage le plus cultivé du roman, sera aussi celui qui commettra un crime pour libérer un pauvre hère pris attaqué par une bande d'adolescent décidé à venger leurs amis disparus et organisant un lynchage d'une grande violence. C'est un roman où adultes et enfants sont tous abandonnés, où les couples se déchirent, les parents s'éteignent peu à peu, où « on se lasse bel et bien de soi même, se dit-il et pour peu qu'on n'arrive pas à trouver autre chose à quoi s'intéresser, ça devient drôlement fastidieux d'être humain. »
A se demander si la scintillation du titre n'est pas celle de l'étincelle de vie fragile dans un monde hostile. Un grand roman qui emprunte la forme d'un conte existentiel pour les adultes n'ayant pas peur d'affronter les gouffres des âmes perdues.

Le livre blanc Rafael Horzon Editions Attila

MEILLLEUR DECOUVERTE 2011
D'abord félicitons les éditions Attila, le livre blanc est d'abord très très beau et élégant. Sur le papier (c'est le cas de le dire) le livre aurait pu me déplaire entre performance d'art contemporain et roman classique, il m'a pourtant emballé complètement. Drôle, intelligent, il est un peu le petit cousin berlinois du formidable roman de Jonhathan Lethem, Chronic City. Soit les aventures d'un jeune homme qui cherche à faire quelque chose de grand dans le Berlin d'après la chute du mur. Sauf qu'il découvre bientôt que tout a déjà été dit, et que ses projets ne réussissent pas vraiment, quand bien même il fait preuve d'une hallucinante fantaisie, créant un jour une université d'un genre nouveau, une galerie spécialisée dans les artistes contemporains nippons ou inventant le magasin de meubles qui ne vend qu'un seul modèle. Satire du monde de l'art, de l'expérimentation à tout va, le roman est aussi très drôle par le talent de Rafael Horzon à doser justement ses plaisanteries.. quand d'autres peuvent être lourds. « Et bien entendu, l'entreprise REDESIGNDEUTSCHLAND était l'incarnation quasi parfaite de la Nouvelle Réalité. Mais elle était d'environ neuf ou dix pour cent plus radicale et plus moderne que toute autre entreprise ayant jamais existé, elle ne rencontra jamais le succès commercial escompté. » « il [La troisième voie, un livre écrit par le narrateur] se vendit à dix exemplaires la première semaine, après quoi les ventes chutèrent dramatiquement » écrit le narrateur après qu'il a organisé une fête mémorable pour le lancement. Critique joyeuse de la société de spectacle qui est la nôtre, le livre blanc figure en très bonne place des découvertes de cette année. Il faut suivre les prochains travaux de Horzon.
(dans le livre, on trouve deux cahiers de photos réalisés par le narrateur censé illustrer le récit. Photos à la légende souvent absurde, il participe à la dimension parodique de ce premier roman venu d'Allemagne, qui n'est pas seulement le pays de la machine outil et d'Angela Merckel.

Adieu à ce qui vient Pierre Cendors Finitude

Meilleure confirmation de l'année

Quitte à me répéter, encore un livre pour lequel il faut féliciter l'éditeur pour la beauté de l'objet, de la couverture dorée au motif vénitien à la qualité du papier et de l'impression, tout ici est réussite et s'accorde à merveille avec un texte dense et bref, porté par une langue singulière et puissante (j'avais adoré Engeland de Pierre Cendors, l'essai est ici confirmé).
Tout ici est tellement délicat que l'on n'ose pas mettre ses vilains mots pour en parler. Adieu à ce qui vient est entre le conte et la poésie, une sorte de rêverie vénitienne où un riche étranger débarque organisant des fêtes mémorables. Bientôt une femme apparaîtra, puis disparaîtra une autre la remplacera...
Impossible d'en dire davantage. On retrouve dans ce livre tout ce qu'on imagine de Venise, le goût pour les masques, les mystères, le jeu des ressemblances entre la représentation et la réalité, servi par un écrivain qui mériterait d'être davantage connu.
« Fortuno, as tu déjà vu le paradis ?
-Non.
- Tu te trompes.
Le peintre suivit le regard de l'étranger. Il vit les plafonds qu'éclairait le soleil de la lagune et compris tout. Ce fut son chef d'oeuvre. »
Toutefois si les fêtes s'enchainent, les souvenirs pèsent aussi dans ce décor, où un personnage apprendra bientôt à dire « adieu ce qui vient » pour le vivre enfin vraiment.
« Le jour, elle t'accompagne à chaque instant, comme ton souffle. Elle est encore là, la nuit, quand tu ne peux la voir. Elle est née en même temps que toi. Veille sur elle, c'est ton amie, recherche parfois sa compagnie, joue et aprle avec elle, car vous vivrez mieux ensemble que seules. C'est ta mort, mais tu peux l'appeler par un autre nom si tu le souhaites. »
Juste parfait.

Ingrid Thobois Sollicciano Zulma

D'abord un hommage à la forme et à Zulma dont les livres sont si beaux, avec ses graphismes originaux et les textes toujours bien choisis, celui-là ne fait pas exception. Dans le résumé fourni par l'éditeur dans le rabat interne, on convoque Hitchcock et Mankiewicz, c'est plutôt le Raul Ruiz de Généalogie d'un crime que m'évoque ce roman d'Ingrid Thobois.
Au centre du récit, une femme mystérieuse au passé trouble. Elle s'appelle Norma-Jean et semble partager certains des troubles de son illustre homonyme.
Que lui est-il arrivée, quand encore adolescente, elle avait pour petit ami un marin ? Devenue adulte, elle est devenue professeure de philosophie, a épousé son psychanalyste et après qu'un de ses élèves a tué sa fiancée volage en plein amphithéâtre, elle part le suivre et le visite régulièrement en prison en Italie, à Sollicciano justement. Quelles sont ses motivations ? Que revit-elle avec ce jeune assassin ?
La progression de l'intrigue n'est pas linéaire, elle alterne les époques, de la jeunesse de l'héroïne à son âge adulte et multiplie les points de vue. Arrivé, le lecteur en saura un peu plus sur Norma Jean, dont le mystère restera pourtant entier. La construction du roman pourtant réussit à créer un vrai suspense, comme savent le faire les meilleurs best sellers, tout en entamant une réflexion sur la souffrance, la normalité (quand le psychanalyste se retrouve interné à Saint Anne, après avoir retrouvé son appartement vidé), l'amour (drôle de couple que celui formé par l'héroïne et son psy de mari). De très belles pages sur l'amitié entre hommes avec le personnage de Karl, meilleur ami de Jean le psychanalyste.
Une romancière à suivre et un faux polar avec vue sur les abîmes des êtres .

Galveston Nic Pizzolatto Belfond

Voilà un vrai faux polar, comme les auteurs américains savent les faire. Soit l'histoire d'un petit voyou sans grande envergure, qui apprend de son médecin qu'il est condamné par un cancer des poumons. «UN MEDECIN A PRIS DES PHOTOS DE MES POUMONS. Ils étaient pleins de rafales de neige. », c'est ainsi que commence le roman. Telle est la voix de Roy Cady, le narrateur.
Autant dire que le anti-héros est fatigué,très fatigué. Un vrai looser : sa petite amie l'a plaquée pour rejoindre le chef de la bande, qui confie au narrateur une drôle de mission : il lui demande d'aller donner une raclée à un type pas très recommandable, mais précise-t-il, sans arme. Le guet appens se referme : sur place, Roy tombe dans un piège ou il rencontrera Rocky, une jeune prostituée.
A partir de ce début ultra classique, Pizzolatto fait entendre sa singularité. Car si les deux personnages, deux grands blessés de la vie à l'enfance ravagée (bienvenue dans l'Amérique des loosers), fuient sur les routes pour échapper aux représailles de la bande de voyous. Ils sont bientôt rejoints par la petite soeur de Rocky (enfin elle dit que c'est sa petite soeur, et s'il y a un lecteur pour y croire, il est encore plus naïf que moi).
Là où le roman devient intéressant, c'est que cette fuite est aussi et surtout une fuite contre le temps (car après la fuite, ils se réfugient à Graveston, une station balnéaire texane) changeant très vite la nature du suspense. Ce n'est plus tant un suspense de roman policier que sentimental et existentiel : Roy et Rocky peuvent-ils s'aimer, l'un ayant largement l'âge d'être le père de l'autre, l'un étant condamné, l'un étant maître de la situation bien que diminué physiquement, quand l'autre fait preuve d'une immaturité permanente mettant les deux personnages en danger perpétuellement ou presque ? Sur cette plage, dans le motel où les fuyards ont trouvé refuge, le temps semble s'être arrêté. Pizzolatto leur fait alors rencontrer les autres habitants du motel. Il en profite aussi pour revenir sur le passé de Roy, la visite rendue à son amour de jeunesse (par un homme qui croît qu'il va mourir, rappelons le) est une totale réussite.
Très vite (au bout d'une centaine de pages), l'auteur tisse un troisième suspense. A la narration immédiate, il superpose une sorte de vingt ans après où Roy a toujours la parole. Rangé des voitures, il travaille dans un motel, il s'en est visiblement sorti, terrassant le cancer et repoussant la mort promise.. C'est un petit monsieur gris qui passe ses journées entre travail et promenades avec son chien. Sauf qu'il est à nouveau recherché par un type louche.
La structure du roman est la vraie réussite de ce livre. Quant à l'écriture (la traduction), elle est d'une grande finesse. Presque classique, avec une pointe de lyrisme qui ne sombre jamais dans la grandiloquence. Ecrit à la première personne, on retrouve tout ce qui fait le succès des romans américains : cette capacité à saisir l'instant et à accompagner l'action au plus près. En l'occurrence cela s'accompagne de réels bonheurs d'expression, poétique sans pathos. « Elle avait allongé les jambes tout en tassant le sable mouillé, et comme j'avais du mal à ne pas la regarder je me suis mis à chercher des choses sur la plage. Un petit massif de genêts où brillait un objet. Deux gamins replets qui couraient dans les vagues. Des mouettes qui se laissaient porter par des courants ascendants effectuaient des piquets soudains pour écumer la surface de l'eau avec leur bec... »
Le livre n'échappe pas à quelques clichés. Par exemple, le héros looser boit forcément beaucoup de whisky, le narrateur ayant décidé qu'à l'heure où la mort approche, un verre de plus ou de moins n'y changera rien.. à tel point que le lecteur pourrait attraper lui aussi la gueule de bois rien qu'en lisant ce roman. De même, sur la fuite de deux personnages à travers le Sud des Etats-Unis, sur la violence sociale, et sur la violence tout court. Reste que l'ultime coup de théâtre m'a cueilli, je n'ai rien vu venir (mais bon je peux être bon public) et après de nombreuses pages difficiles, l'auteur laisse une chance non pas de rédemption, ce serait trop facile, mais des raisons d'espérer. Le contexte, aussi cruel et difficile soit-il, ne détermine pas les êtres, nous dit-il, et il est toujours possible de s'échapper des pires circonstances. Et sans jamais sombrer dans la cul culterie. Pour un premier roman ça rend très impatient du suivant...

Pablo Sorrentino Ils ont tous raison Albin Michel

Meilleur roman 2011
Si Pablo Sorrentino n'a aucun prix littéraire, ce sera une confirmation : les jurés professionnels ne savent pas lire. L'auteur s'en consolera. Il est cinéaste, et a été primé à Cannes pour Il divo. Et avouons-le, il a de quoi énerver car c'est aussi un très très bon écrivain. Beaucoup de talent pour un seul homme, je suis jaloux !
Ils ont tous raison ou l'histoire d'un chanteur de charme napolitain Tony Pagoda dans l'Italie des années 50. Un héros fantasque et fanfaron, qui aligne les côtés détestables et qui pourtant est attachant : sous coke toute la journée, il passe son temps à coucher avec les femmes qu'il croise : un macho, un vrai, qui trompe sa femme et peut être physiquement violent. Menteur aussi. A plusieurs reprises, il évoque la prison où il est allé, sans insister sur les causes. Bref la totale du type pas vraiment recommandable.
Et pourtant, Tony sera votre ami, car il sait raconter des histoires comme personne. Qu'il évoque sa rencontre avec Franck Sinatra, se fasse voler une bague de valeur à l'issue d'une partouze new yorkaise, évoque l'amour de sa vie, se trouve mêlé à un règlement de comptes entre rivaux mafieux, ou révèle son dépucelage par une vieille aristocrate napolitaine qui croît aux fantômes. Avec lui, tout passe mêmes les histoires les plus invraisemblables, car celui qui tient la plume sait y faire.
« J'avais enfin trouvé, vieil auteur de rimes que je suis, un rythme de dialogue, le seul bon remède pour la santé », explique Tony Pagoda. Un jugement que partageront tous les lecteurs de ce livre.
Prenant conscience de la vacuité de sa vie, un jour que sa femme lui demande le divorce et qu'il déprime après avoir vu une table de nuit vide, Tony Pagado part pour le Brésil, car à quoi bon vivre dans un pays où l'on mange des pâtes à la vodka ? Il part à la recherche de « l'idée d'une vie simple, qui nous a totalement échappé ensuite. Et notre existence n'a plus été qu'un méli mélo nul, archi nul. » Et de poursuivre : « on se croyait complexes, on avait juste dégringolé dans la complication. » Bientôt, il se réfugie à Manau, le pays des cafards, un enfer où pourtant il découvrira une forme de sagesse, et aussi l'occasion d'une évocatio de Fitzcaraldo, ce chef d'oeuvre du cinéma , avec une scène à l'Opéra qui se termine dans les favellas... Ultime partie du roman : le héros regagne son Italie, qui n'est pas la plus réussie. Car Tony Pagoda ne peut pas se taire comme ça...
Vous l'aurez compris Tony Pagoda est un conteur né, un vrai roi de la digression, de l'invention avec un humour décapant, un regard lucide et acide sur les mesquineries du monde, qu'il connaît d'autant mieux qu'il les partage.. Dans le genre géniale digression, le récit de l'oppositon entre le cousin, avocat hyper obèse et angoissé (il appelle tout le monde deux mois à l'avance pour être sûr qu'on lui souhaite son anniversaire) et son beau frère, procureur complexé par sa petite taille a des allures de lutte quasi mythologique entre le bien et le mal, avec des armes surprenantes.
Autant le dire, Ils ont tous raison n'est pas toujours de bon goût, si le bon goût s'entend comme la porcelaine et la dentelle, mais il a toujours le ton juste et un sens du burlesque. Ceux qui aiment les miniatures précieuses risquent d'avoir du mal à apprécier ce bon gros roman roboratif qui ose tous les excès, mais pratique aussi toutes les nuances, nuances dont l'éloge est fait dans le prologue. C'est surtout un roman qui dresse une série de portraits, de l'aristocrate radine, au vieux prof de musique qui joue du Bach, à l'amie du narrateur fâchée avec sa belle-soeur parce que son neveu a pissé sur son canapé, sans oublier des personnages secondaires qui existent en quelques phrases (la vieille soeur du maître de musique ou Bella, la femme d'Alberto, l'ami que Tony rencontrera au Brésil). Ce faisant, Sorrentino dresse un portrait de l'Italie des années 50 à nos jours, mais plus encore, un portrait de l'humanité. Tous nos défauts modernes sont pointés, à commencer par notre rêve d'une éternelle jeunesse.

Ceux qui adorent les comédies italiennes d'hier, ceux qui aiment les récits baroques, les digressions géniales, les raconteurs d'histoire vont adorer ce roman dont on nous dit qu'il a été un succès en Italie. Une très bonne nouvelle sur la santé de ce pays.

Ingrid Thobois Sollicciano Zulma

D'abord un hommage à la forme et à Zulma dont les livres sont si beaux, avec ses graphismes originaux et les textes toujours bien choisis, celui-là ne fait pas exception. Dans le résumé fourni par l'éditeur dans le rabat interne, on convoque Hitchcock et Mankiewicz, c'est plutôt le Raul Ruiz de Généalogie d'un crime que m'évoque ce roman d'Ingrid Thobois.
Au centre du récit, une femme mystérieuse au passé trouble. Elle s'appelle Norma-Jean et semble partager certains des troubles de son illustre homonyme.
Que lui est-il arrivée, quand encore adolescente, elle avait pour petit ami un marin ? Devenue adulte, elle est devenue professeure de philosophie, a épousé son psychanalyste et après qu'un de ses élèves a tué sa fiancée volage en plein amphithéâtre, elle part le suivre et le visite régulièrement en prison en Italie, à Sollicciano justement. Quelles sont ses motivations ? Que revit-elle avec ce jeune assassin ?
La progression de l'intrigue n'est pas linéaire, elle alterne les époques, de la jeunesse de l'héroïne à son âge adulte et multiplie les points de vue. Arrivé, le lecteur en saura un peu plus sur Norma Jean, dont le mystère restera pourtant entier. La construction du roman pourtant réussit à créer un vrai suspense, comme savent le faire les meilleurs best sellers, tout en entamant une réflexion sur la souffrance, la normalité (quand le psychanalyste se retrouve interné à Saint Anne, après avoir retrouvé son appartement vidé), l'amour (drôle de couple que celui formé par l'héroïne et son psy de mari). De très belles pages sur l'amitié entre hommes avec le personnage de Karl, meilleur ami de Jean le psychanalyste.
Une romancière à suivre et un faux polar avec vue sur les abîmes des êtres .