dimanche 4 novembre 2012

Royal Romane François Weyergans Julliard

Après Jean-Paul Dubois qui en est familier, c'est au tour de Weyergans de faire sa saison canadienne (que les puristes veuillent bien me pardonner si d'autres livres du belge se déroule au Canada, c'est le premier que je lis), le temps de raconter une histoire d'amour entre le narrateur et une jeune étudiante qui veut devenir actrice au début du roman et renonce (notamment) à son ambition le temps du récit. Weyergans est un écrivain de la digression, pas le genre qui brille par l'originalité folle de son récit : une histoire avec femme enfants et maîtresse, un ratage amoureux comme la littérature en compte tant. Et pourtant, ce livre a un charme puissant, comme disent les critiques, un sens du récit et un style qui ont qu'on le dévore, pressé de savoir la suite. Weyergans a un génie pour la digression : son narrateur part au Canada à la demande d'un riche scandinave qui veut créer un musée consacré au papier, ce qui vaut de belles pages sur ce sujet, ou bien peut consacrer une page à l'achat d'une bouilloire... En creux, l'auteur fait son auto portrait en séducteur perpétuel, inapte au bonheur, toujours partant pour recommencer une aventure sentimentale, qui échouera lamentablement comme les autres. « Suis moi, je te fuie... Fuis-moi, je te suis » résume la vie de ce narrateur égoïste et torturé. Car, au fond, il y a quelque chose de profondément triste et désenchanté dans ce roman. On pense à Sagan, et à son élégance discrète d'autant plus inaltérable qu'elle devient indispensable. Aimer ne rend pas heureux, mal aimer non plus. L'autre est indispensable, mais il est impossible de vivre avec lui. Le Don Juan moderne n'a plus la statut du commandeur face à lui, il a à affronter son propre ego.. il n'est pas sûr que cela rende la vie plus douce. Royal romance est triste et déisoire comme nos vies. Rien de bien grave, nous dit Weyergans dans un sourire qu'on imagine forcément triste.

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